À ceux et celles qui cet été pensaient avancer sur l’écriture de la thèse mais n’ont pas si bien avancé, qui ont travaillé, qui n’ont pas eu de contrat doctoral, qui n’ont pas eu de poste, qui cherchent du travail, qui ont été recruté·es à l’arrache pour faire des vacations à l’université cette année 2023-2024, qui n’ont toujours pas été payé·es pour celles faites en 2022-2023, qui n’ont rien lu de l’été, qui ont écrit gratuitement des actes de colloque qui mettront mille ans à paraître ou des articles dans de sombres revues que personne ne lira jamais, qui ont passé des concours qu’ils ou elles n’auront pas, etc : courage, tenons.
À la ramasse, c’est un état permanent en ce qui me concerne, ponctué par quelques maigres fulgurances de temps en temps. Rythmée par les deadlines, cette vie est à la ramasse. Cette newsletter aussi est à la ramasse et vous êtes plus de 970 à y être inscrit·es. Bravo pour la patience, merci d’avoir choisi la morose, c’est toujours un plaisir d’avoir des retours, de discuter sur les rs ou dans la “vraie vie” soi-disant.
Ces deux derniers mois j’ai tenté de plonger dans un grand bain d’écriture. J’ai touché le fond de la piscine, je creuse encore. Bien évidemment qu’on étouffe dans cette rédaction de thèse, qu’elle empêche de respirer cette écriture, c’est de l’apnée depuis six ans. Ça n’a absolument rien d’excitant, pour une phrase intéressante, les trois suivantes seront molles et pâteuses. Trop à dire, à compiler, à couper, à gonfler. C’est de la charcuterie, c’est bof ; un processus sans saveur. L’impression qu’on m’ôte le goût de la bouche à chaque nouveau mot écrit au clavier moite et transpirant.
La course contre la montre se corse à la rentrée, des dossiers à faire et refaire, supplier une énième fois que si si c’est la dernière fois, l’ultime inscription et dernier paiement de la CVEC à mille dollars, l’absurde dépense annuelle, le signe que c’est bien la rentrée. Faire face, à l’incompréhension - on n’a pas de contrat doctoral, on travaille, donc non on ne fait pas que la thèse, ça prend du temps - des interlocuteurs et interlocutrices des institutions. Ben oui. C’est lent. Moi aussi ça m’embête.
5 secondes de fierté noyées dans un océan d’angoisse.
à.la.ramasse.
à vif
cœurs
Les 5 secondes de fierté : en 2022 est venue l’idée de fonder une association pour visibiliser, encourager et promouvoir la recherche sur les réseaux des artistes femmes créés en France depuis la fin du XIXe siècle, de collecter leurs archives et de les faire connaitre. L’idée n’est pas nouvelle, il aura fallu l’impulsion de Catherine Gonnard pour que Camille Philippon, Anouk Chambard, Franny Tachon, Clémence Rinaldi et moi-même décidions de fonder toutes les six l’association Femmes Artistes en Réseaux (F.A.R.) - Documentation et archives des sororités artistiques (XIXe-XXe siècles, en mai 2023. On a ouvert un carnet de recherche et on a commencé à mettre en place des rails, une structure, pour activer nos propres réseaux dans le domaine de la recherche, des bibliothèques, des musées, afin de prévoir une programmation pour l’année à venir.
Parmi les actus de l’été : nous avons remporté l’INHA Lab 2024, une résidence de recherche qui se tiendra à l’INHA à Paris de janvier à juin 2024 🎊🎉 On a très hâte de diffuser le programme et de vous y croiser !
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radar
wonder if you know
you're on my rada
C’est fini mais c’était bien : l’exposition Sculptrices de la galerie parisienne Xavier Eeckhout dédiée aux sculptrices animalières de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, telles Jane Poupelet ou Marguerite de Bayser (du 2 juin au 25 juillet).
Orloff. Est sortie l’excellente biographie de Chana Orloff par Paula C. Birnbaum, Sculpting a Life, Chana Orloff between Paris and Tel Aviv. On peut toujours visiter les ateliers de Chana Orloff dans le 14e arrondissement, et le 19 novembre ouvre une exposition sur la sculptrice au musée Zadkine.
Mylène Forever. Zoé Marty, conservatrice du p·m·atrimoine, réactive son carnet de recherche avec un texte “Comment rêver (encore) les musées ? La Science-fiction féministe à la rescousse du p·m·atrimoine”, il nous donne des pistes, de la lecture et des fils à tirer, sans contrefaçon.
Bientôt finie. “Surréalisme au féminin ?” du 31 mars - 10 septembre 2023 au Musée de Montmartre Jardins Renoir, j’ai écrit un billet à son sujet, “Sous le surréalisme battent les recouvertes”.
Pierre, ciseaux. Une exposition au musée Camille Claudel de Nogent-sur-Seine, “De la plume au ciseau, la correspondance de Camille Claudel” du 16 septembre au 7 janvier 2024, sur la correspondance de Camille Claudel, pour célébrer l’acquisition de six lettres écrites par Camille Claudel à Eugène Blot. Une autre manière d’aborder les œuvres de la collection. J’en profite pour signaler une journée d’étude sur les correspondances d’artistes du XIXᵉ siècle à nos jours le 19 octobre de 9h30 à 17h (le programme est à venir sur le site du musée). J’y parlerai de correspondances de sculptrices du XIXe siècle.
Aller-Retour. Une expo à Pont-Aven, sur les “Artistes voyageuses l'appel des lointains, 1880-1944” jusqu’au 5 novembre. Je l’ai vue quand elle est passée au Palais Lumière à Évian l’an dernier et j’ai écrit un billet, “Artistes femmes et les colonies de voyages (1880-1944)”. Suite à cette publication, j’ai été invitée par le musée de Pont-Aven et l’association Mêtis (que je remercie) à participer à une journée de recherche-action « Exposer l’art colonial au prisme du genre dans les musées » au musée de Pont-Aven le 2 octobre. Je suis vraiment très contente d’intervenir aux côtés de chercheuses - Jade Norindr et Emilie Goudal - beaucoup plus spécialistes de la question que moi et d’animer un atelier. Si vous êtes dans le coin !
Pour prolonger : Marie Bouchard publie en ligne des extraits de son mémoire "Artistes femmes et art colonial : Regards sur les femmes noires colonisées d’Afrique française dans l’entre-deux-guerres (1920-1940)", sous la direction de Maureen Murphy, Paris 1, soutenu en juin 2023. Un travail qu’elle continue de mener en Master 2.
AGENDA : le 29 septembre après-midi, Florence Fix, Corinne François-Denève, et moi-même organisons une journée d’étude en ligne intitulé “La revanche de Galatée : sculptrices, portraits, représentations et personnages au XIXe siècle”. Le programme est objectivement super, évidemment, donc n’hésitez pas à nous rejoindre : lien de connexion sur demande à revanche.galatee.2023@gmail.com
AGENDA : le 20 octobre ouvre “Enquête sur les artistes femmes au musée” au Palais des Beaux-Arts de Lille. Des œuvres de femmes artistes des collections du musées seront accrochées dans le parcours permanent. Une publication accompagne l’exposition et compile les dernières recherches sur ces artistes menées par la conservatrice Alice Fleury, directrice des collections du PBA et Camille Belvèze, conservatrice du patrimoine associée au projet.
retro-source vers le futur
parce qu’on n’a pas inventé l’eau tiède en 2023 : nos “redécouvertes” et débats actuels sont souvent des réactivations de discussions antérieures, qui étaient déjà en germe ou bien ancrées chez d’autres depuis des années.
“Pourquoi faites-vous toujours les femmes si laides, monsieur Degas ?
– Parce qu’elles sont laides, madame.
Et il se moquait de ces personnes qui veulent diriger le monde. Le féminisme commençait.
– Elles n’ont même pas une poche dans leurs vêtements, et leurs épingles à chapeau crèvent l’œil des voisins”.
Elles, ce sont Madeleine Zillhardt, Louise Breslau, et Élisabeth de Gramont. Lui, c’est juste Degas. Toutes les trois se souviennent du peintre dans trois textes réunis en un petit ouvrage, publié aux éditions L’Échoppe en 2015. J’ai écrit dessus “Monsieur Edgar Degas” par Madeleine Zillhardt, 1932. Louise Breslau entre les lignes.
chercher (sur) le feu
chercher (sur) le feu - une rubrique qui présente des travaux en cours ou achevés au croisement de l’histoire de l’art et des études de genre et d’autres disciplines. Dans les abysses des recherches enfouies, un sous-marin traque à l’aide d’un sonar les ondes inaudibles à la surface.
Commencer l’année universitaire c’est l’occasion de se faire un replay de la table-ronde “Atlas, réseaux, constellations”. J’étais aux côtés de Lyse Vancampenhoudt (université catholique de Louvain – Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique – FNRS), Apolline Vranken (Faculté d’architecture La Cambre-Horta – université libre de Bruxelles – FNRS) le vendredi 31 mars 2023, à l’INHA, dans le cadre de “Rotondes : 2e congrès des jeunes chercheurs et chercheuses en histoire de l’art et archéologie”
C’était super. Pour retrouver mon texte avec les références : Contre-canons. Contre une histoire de l’art des héroïnes, pour une histoire de l’art des réseaux.
merci d’avoir lu cette newsletter,
morose morisot - eva belgherbi 🌱