

Discover more from morose morisot

Les jeudi 21 et vendredi 22 octobre s’est tenue Rotondes, la première édition du Congrès des jeunes chercheurs [et chercheuses] en histoire de l'art et archéologie, à l’INHA, à Paris. L’évènement était organisé par les chargé·es d’étude et de recherche de l’INHA, les interventions ont été captées et seront prochainement mises en ligne sur la chaine YouTube de l’institution.
C’était super.
Il y avait des conférences, des grandes célébrations, aussi des ateliers. Avec Justine Bohbote (élève conservatrice du patrimoine, INP) et Julie Botte (docteure, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3), nous avons eu le plaisir d’animer celui sur une thématique qui fait converger nos travaux respectifs : “Ce que le genre fait à l’histoire de l’art, aux musées et aux expositions”.
On a cité des historiennes de l’art dans tous les sens, des œuvres, des expositions aimées ou détestées, on a lancé des pistes, on n’a pas résolu la question mais on a parlé de nos doutes, de nos méthodes. Parce qu’on n’a pas tout inventé, ni tout découvert en 2021. Parce que d’autres l’on fait avant nous. Parce que d’autres le feront bien après nous, tellement la matière est riche.
Nous étions venues avec des livres, des images de couvertures de livres, des articles, un bagage méthodologique qui nous traverse et nous nourrit au quotidien. Pouvoir le partager, en discuter avec d’autres, a été un moment précieux, voire thérapeutique. Sans exagérer, ça a été un plaisir d’être ensemble, dans une salle avec une cinquantaine de personnes, puis de prolonger la réflexion dans l’après-midi avec l’atelier “Pour une histoire de l’art queer” avec Marion Cazaux (Université de Pau et des Pays de l’Adour), Quentin Petit Dit Duhal (Université Paris Nanterre).
C’était super.
à vif
cœurs
Nourrir le cerveau. Piochées parmi les articles relus/utilisés pour l’atelier à Rotondes, trois références biblio stimulantes à lire en ligne :
Griselda Pollock, “Des canons et des guerres culturelles”, Cahiers du Genre, 2007/2 (n° 43). Traduit de l’anglais par Séverine Sofio et Perin Emel Yavuz.
Patrik Steorn, “Du queer au musée : Réflexions méthodologiques sur la manière d’inclure le queer dans les collections muséales”, Culture & Musées, 30/2017 [2010].
Maria Antonietta Trasforini, “Du génie au talent : quel genre pour l'artiste ?”, Cahiers du Genre, 2007/2 (n° 43), p. 113-131. Traduit de l’italien par Oristelle Bonis.
aucun express
la mémoire dans les yeux
L’exposition Natalia Gontcharova à la Tate Modern, c’était l’été 2019.

radar
wonder if you know
you're on my radar
Pas encore vue mais envie de la voir. L’exposition “Alberto Giacometti / Barbara Chase-Riboud : Femmes debout de Venise, Femme noire debout de Venise” à l’Institut Giacometti (commissariat d’Emilie Bouvard), jusqu’au 9 janvier 2022. “Sculptrice, poétesse, romancière, Barbara Chase-Riboud (née en 1939 à Philadelphie), rencontre Giacometti au début des années 1960 alors qu’elle vient de s’installer à Paris. Créée en collaboration étroite avec l’artiste, cette exposition place les célèbres figures féminines de Giacometti sous le regard d’une sculptrice qui depuis des décennies trace une voie sculpturale originale entre les scènes américaine et française. Cette exposition est la première consacrée à l’artiste à Paris depuis 1974.”
Si vous passez par Copenhague. La Hirschsprung Collection propose depuis cet été et jusqu’en janvier 2022, une exposition “MARIE ❤ EMILIE. Queering the Collection” sur le couple lesbien formé par Emilie Mundt (1842-1922) et Marie Luplau (1848-1925) deux artistes danoises de la fin du XIXe siècle, qui ont peint ensemble, formé une famille, donné des cours à des femmes, se sont engagées politiquement. L’exposition relève de l’évènementiel puisqu’elle a été mise en place dans le cadre de la Pride - et est placée dans un “corner display” (voir l’article cité plus haut de Patrik Steorn sur les problématiques autour du queer au musée) -, et le titre “Marie *émoji cœur* Emilie” est *un peu* kitsch, mais l’institution semble s’être constituée un fond intéressant de leurs œuvres. Je serais curieuse d’avoir les retours de personnes ayant vu l’expo *émoji yeux*.

Si vous arrivez à vous rendre à Londres. En ce moment et jusqu’au 13 novembre (viteeee) l’exposition “Making It. Women and Abstract Sculpture” à la galerie londonienne Waddington Custot présente des sculptures abstraites d’Olga de Amaral, Lynda Benglis, Françoise Grossen, Maren Hassinger, Barbara Levittoux-Świderska, Louise Nevelson, Beverly Pepper, Mildred Thompson et Sophia Vari (avec les écrits de Lucy Lippard en trame de fond). A voir aussi cette fois à la Whitechapel Gallery, une exposition sur onze artistes femmes surréalistes “Phantoms of Surrealism”, parmi elles la formidable Ithell Colquhoun (1906–1988) dont les archives ont rejoint la Tate en 2019. Cette exposition fait suite à celle dédié à Eileen Agar cet été au même endroit.
Lire. Lauren Moya Ford signe un article dans Hyperallergic, “Georgia O’Keeffe’s Photographs, Seen Closely for the First Time” à propos de l’exposition des photographies de Georgia O’Keeffe au Museum of Fine Arts de Houston. Une pratique déjà un peu évoquée dans le catalogue de l’exposition Georgia O’Keeffe et ses amis photographes du musée des Beaux-arts de Grenoble en 2015.
Nouvelles publications. Parution en PDF gratuit disponible en ligne de l’ouvrage Precarious Professionals. Gender, Identities and Social Change in Modern Britain, dirigé par Heidi Egginton et Zoë Thomas. Toujours en anglais, la parution de This Dark Country Women Artists, Still Life and Intimacy in the Early Twentieth Century par Rebecca Birrell, qui intéressera celles et ceux qui travaillent sur la nature morte au début du XXe siècle puisque l’autrice aborde ce genre si chargé de stéréotype de genre - du coup - via des œuvres de Ethel Sands, Nina Hamnett, Vanessa Bell ou encore Gwen John.
Nouvelle acquisition au Museum of Fine Arts de Boston. Un autoportrait de la peintre Victorine Meurent (1844-1927), daté vers 1876, rejoint les collections du musée américain. L’occasion de revenir sur la carrière de l’artiste et modèle en réécoutant l’intervention de Yelin Zhao (University of Leeds), “Aspiration and Negotiation: Model-Artist Victorine Meurent in Her Time and in the History of Art”, au colloque “Faire œuvre. La formation et la professionnalisation des artistes femmes aux XIXe et XXe siècles” en 2019 au Centre Pompidou et au Musée d’Orsay.



chercher (sur) le feu
chercher (sur) le feu - une rubrique qui présente des travaux en cours ou achevés au croisement de l’histoire de l’art et des études de genre et d’autres disciplines. Dans les abysses des recherches enfouies, un sous-marin traque à l’aide d’un sonar les ondes inaudibles à la surface.
C’est arrivé, mais j’ai oublié d’écrire ma newsletter à temps, le samedi 23 octobre Valentin Gleyze donnait une conférence autour de l’œuvre d’Alina Szapocznikow (1926-1973), suivie d’une conversation avec Jagna Ciuchta, à Bétonsalon dans le cadre de l’exposition “Jagna Ciuchta : Le pli du ventre cosmique” qui s’y déroule du 16 septembre au 27 novembre 2021.
Camille Philippon signe un article “Deux artistes lesbiennes à la Bibliothèque d’art et d’archéologie de Jacques Doucet (1909-1917)” issu de son travail universitaire de Master 1 sur le carnet de recherche de l’ARQ (Collectif de recherche pour une histoire de l'art féministe et queer). Extraits :
“S’il y a vingt-et-une femmes artistes présentes dans les collections d’arts graphiques de la Bibliothèque d’art et d’archéologie formées par Jacques Doucet et ses collaborateur-ices, ce sont les deux artistes américaines Ethel Mars (1876-1959) et Maud Hunt Squire (1873-1954) qui nous intéressent dans ce billet. Car c’est en couple que ces deux artistes vendent des œuvres à la Bibliothèque d’art et d’archéologie. Cette entreprise, menée par le mécène et couturier Jacques Doucet (1853-1929) est ouverte dès 1909, avant d’être donnée à l’Université de Paris en 1917. Ce contexte nous intéresse particulièrement en ce qu’il révèle l’achat d’œuvres d’artistes lesbiennes étrangères destinées à figurer aux côtés de « grands noms » d’artistes européen-nes tels que Käthe Kollwitz, Marie Laurencin ou Edgar Degas, dans une collection française à destination publique au début du XXe siècle.”
retro-source vers le futur
parce qu’on n’a pas inventé l’eau tiède en 2021 : nos “redécouvertes” et débats actuels sont souvent des réactivations de discussions antérieures, qui étaient déjà en germe ou bien ancrées chez d’autres depuis des années.
Le 3 novembre dernier, Catherine Gonnard intervenait sur invitation de l’association Art-Thémis à l’Ecole du Louvre pour présenter une “conférence/discussion/on regarde des extraits INA” sur Les Regards de la télévision sur les femmes artistes (des années 1955 aux années 1970). Comme d’habitude, c’était super. On a donc regardé et elle a analysé des extraits INA d’émissions télé où sont interviewées et filmées Meret Oppenheim, Alice Halicka, Juliette Roche, Niki de Saint Phalle, Orlan et Nadia Khodossievitch Léger. Le rapport à la caméra et aux journalistes donne lieu à différents niveaux de discours : on leur demande des anecdotes sur les artistes hommes, leur mari, on leur pose des questions misogynes, on leur coupe la parole, on les provoque, et pourtant pour chacune - que cela passe par l’image ou le son - elles réussissent à trouver des interstices et stratégies pour montrer leur propre production artistique.
Ce jeu des images m’a fait penser à cet extrait INA envoyé par une amie : il s’agit d’un court reportage “Un Michel-Ange en jupons” chez la sculptrice et peintre brésilienne Maria Morgan-Snell, en 1969. Il y aurait tellement de choses à dire sur cet extrait, présenté par Romy Schneider, où l’on suit l’artiste peignant lors d’une séance de pose d’un modèle nu, dans une pièce remplie d’oiseaux. Les robes, les mises en scène, les gros plans, les peaux de bêtes, les formats, les muscles, les “OUH” de la voix off, son discours sur le genre et sa présentation de son travail. Magistrale.
“C’est une peinture un peu spéciale”
A Paris, on peut voir son travail à l’église Saint-Michel-des-Batignolles, dans le 17e.
merci d’avoir lu cette newsletter,
morose morisot